samedi 7 février 2015

Les mille-feuilles sans glaçage des Co'pains d'abord sont-ils des mille-feuilles ?



Vendredi 6 février. Oui, Jo est resté bloqué sur les mille-feuilles et il compte bien dégoter les meilleurs en ville ! La quête du Graal continue. J'espère qu'il va vite les trouver, car en attendant je suis condamnée à me bâfrer de mille-feuilles chaque semaine. Cette fois-ci, il est passé chez Les co'pains d'abord, sur la rue Rachel. Selon lui, un endroit hipster et chaleureux. Ah ouais, hipster ? J'ai toujours pas compris quels gens il fallait mettre dans cette case. Sachant que Jo porte un petit foulard élégant lors de ses randonnées pédestres, il faut peut-être que j'en déduise qu'une personne un tantinet plus décontractée est hipster ? En ces temps de chômage, je sens que j'ai un petit relâchement vestimentaire, accentué par le port de vieux chandails amples et de coiffures déstructurées. Peut-être que moi aussi je suis hipster ?

En attendant de régler mes questions existentielles et de comprendre de nouvelles définitions, je vais encore manger un mille-feuille. Julie, la maniaque de costarde, se joint de nouveau à nous pour la dégustation. Jo a envoyé deux CV, il est temps qu'il mange du sucre s'il ne veut pas tomber en hypoglycémie. On s'installe autour d'un thé chaï à la noix de coco. On ouvre la boîte. On tombe nez à nez avec des millefeuilles obèses qui ne ressemblent pas à des millefeuilles. Jo, en tant que puriste du mille-feuille, est assez contrarié par le manque de glaçage. Oui, le dessus du gâteau est simplement recouvert de sucre glace et de cacao en poudre. J'approche au ralenti une première bouchée de mille-feuille vers mes lèvres, à quelques millimètres, l'odeur du sucre, de la crème fouettée, de la pâte feuilletée, de la costarde. J'hume le délicat parfum. Silence. Délectation. Extase. Quelques grains de sucre glace remontent dans mes narines. ATCHOUM ! Quelques postillons décorent mon gâteau.  Je me concentre à nouveau. J'approche la bouchée pleine de crème. Je ferme les yeux. Je ne flaire pas la poudre de cacao. J'ouvre la bouche. La cuillère est à un nano-micro seconde de ma langue. BIIIIIIIIPPPPPP ! Ma sonnette désagréable des années 50 retentit ! Ma bouchée vole par terre ! Une crise cardiaque plus tard, j'ouvre la porte à Lara. Elle n'a pas d'expérience en boulangerie, mais en tant que Bretonne elle a les papilles exagérément développées. Je suis sympa et je lui donne la moitié de ma part aux postillons.

Un débat de grande envergure recommence à propos du glaçage.
- Nan, parce que pour moi un mille-feuille sans glaçage blanc et marron, ce n'est pas un mille-feuille.
- Clairement, ajoute Lara. Mais bon, ils sont jolis quand même.
Julie, l'esprit vif, annonce une hypothèse intéressante qui ne fera pas changer d'avis les deux grands défenseurs du glaçage du mille-feuille :
- Peut-être que Les co'pains d'abord ont pris le parti de faire un mille-feuille plus léger, plus digeste, moins sucré ?
- Nan mais dans ce cas c'est juste pas un mille-feuille quoi !
Pendant ce temps, j'entame et j'apprécie mon gâteau dépourvu de glaçage. Il faut décortiquer chaque point : la costarde, la crème fouettée, la pâte feuilletée. Chacun se concentre.
- La crème fouettée est vraiment bonne, légère, aérée, hmmm...
- Oh oui, la crème fouettée est délicieuse ! 
- Oh oui, la crème fouettée, je vais mourir...
- La costarde n'a pas de goût !
- Hmmm... si la costarde est bonne ! C'est vrai qu'il manque un p'tit quelque chose...
- Oui, pas assez relevé le goût de la crème pâtissière ! 
Julie me lance un regard glacial-quasi-sibérien-polaire-arctique et proteste avec son air aimable :
- La COS-TAR-DE. Puis vous faites chier avec vos critiques. Je suis concentrée à juger au lieu de simplement savourer ce bon mille-feuille !
- Ouais, enfin c'est pas vraiment un mille-feuille, hein... insiste Jo qui avait d'immenses attentes face à ce gâteau. En reprenant lentement un morceau, dos courbé, concentré sur son assiette, Jo affiche un visage pâle, accablé de ne pas avoir trouvé son Saint-Graal.
- La pâte feuilletée est encore un peu trop cuite, se plaint-il.
Lara enfonce le clou :
- Oui, et il en faudrait plus !
En tant que garçon du Sud de mauvaise fois, Jo conclura par :
- J'ai mangé un bon gâteau, mais je n'ai pas mangé un mille-feuille.
- Oui, c'est ça, c'était bon, mais on ne peut pas dire que ce soit un mille-feuille, renchérit Lara.





Les Co'pains d'abord
Prix : 2,75 HT
Les + : la crème fouettée et le gros format.
Les - : il manque le glaçage ? La costarde manque de goût.
Note du grand jury : 7/10 (6 pour Jo, 7,5 pour Céline, 7 pour Lara, 7 pour Julie)
***Ajout*** Suite à l'article, Les Co'pains d'abord nous ont contactés pour ajouter des petites précisions : "Nous aromatisons notre crème pâtissière avec de la vanille de Madagascar de chez Philippe de Vienne, et nous avons éliminé le glaçage pour un goût plus fin... Le mille-feuille des Co'pains n'est peut-être pas un mille-feuille traditionnel, mais c'est là tout son caractère! "

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