lundi 9 février 2015

Le P'tit atelier : l'extase des croissants pistache-framboise




Vendredi 13 février. Une fois de plus, toujours pareil, depuis au moins 6 mois, je sors dans un froid quasi-sibérien-polaire-arctique. Mais les - 36 °C ne m'empêcheront pas de rejoindre la boulangerie Le p'tit atelier située à vingt gigantesques pas de mammouth de mon sofa douillet. Le p'tit atelier existe depuis plus d'un an, pis les deux boulangers sont vachement sympa. Ils font toutes les viennoiseries et pâtisseries sur place avec amour. Je commande une fois de plus, toujours pareil, depuis au moins 6 mois, le croissant pistache-framboise. J'en parle depuis quelques décennies à Jo avec un rare enthousiasme enivré-passionné-enfiévré-exalté.

Je reviens à la maison, je dois prendre en photo le croissant avant la tombée de la nuit à 14h52. En tant que ridicule styliste culinaire, j'ai une seule vieille nappe à motifs hiboux pleine de trous. Ouais, parce que j'aime bien couper mes croissants directement sur ma nappe à motifs hiboux, ça fait des économies de liquide vaisselle. C'est bon pour mon empreinte écologique. Tout ça pour dire que je ne peux pas utiliser ma nappe à motifs hiboux pour chaque photo de pâtisserie. Va falloir trouver un système D. Je dégaine mon t-shirt 100% rayonne, style marin des bois de la mer et de l'été et ça fait pas mal la job ! La preuve, je me sens en totale décontraction printanière quasi-estivale dans cette photo.

Jo me rejoint, il sort d'une entrevue. Il va peut-être travailler le samedi pour gagner plus ! Il bosse déjà du lundi au jeudi, pis le vendredi faut qu'il mange des gâteaux. Jo n'est pas tellement plus chic que d'habitude, car le niveau est en tout temps assez élevé. C'est le genre à récurer les toilettes en petite chemise blanche bien repassée. On bosse, on papote de la régulation des marchés financiers, on bosse encore, on analyse les tendances du marché du travail en Mongolie, on boucle un autre dossier, on remet en question le système monétaire international, on envoie les derniers mails. Maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses. Une dégustation des plus folles nous attend !

Je raffole de cette viennoiserie et j'espère que Jo la kiffera grave sa race aussi. Je trésaille. J'ai peur. Va t-il aimer ? Il met un morceau dans sa bouche. J'attends en pensant qu'il va dire que franchement nan mais pourquoi je lui parle depuis tant de temps d'un pauvre croissant fadasse et insipide et trop cuit et trop sucré et les framboises c'est pas vraiment des framboises et depuis quand on trouve des framboises au Québec en hiver et gningningningningnin... Ah mon dieu qu'il est compliqué ce garçon...

Ah, ça y est, il essaye de dégoiser quelque chose avec la bouche pleine. Mes muscles se crispent. Mes artères se contractent. Je sers les fesses. Je tends l'oreille.
- " Scrtchfffre.... frtpui " m'informe t-il avec entrain.
Ma mâchoire se resserre. Je suis en apnée. Mes yeux sortent de leur orbite, prêts à valdinguer sur la table. Alors ???!!!
-  "SCRT-CHF-FFRE... FRT-PUI" insiste t-il en laissant quelques miettes rejoindre ma tasse de thé.
Je frissonne, je grelotte et je bous en même temps. Nan mais là tabarouette ça suffit, il va me le dire ce qu'il en pense !??
Il avale sa bouchée, s'étouffe, meurs, ressuscite, puis retrouve la parole :
- AH ! Mais c'est suuuuper BON !!! Oh c'est fou ! Oh oui oui oui !!! Hmmm... oh les framboises entières, hmmm... et la pistache, ça ressemble à une frangipane, mais à la pistache... hmmm, super bien dosé, on sent les deux, l'alliance est parfaite ! Pas trop sucré, pas trop gras, le croissant est top, bien croustillant.
- Ben ouais je te l'avais dit, c'est fou dans la boooouche !!!!
Je saute dans les airs et fais la chorégraphie de la victoire sur Copacabana en me délectant avec extase de ce croissant pistache-framboise.
Jo m'interrompt :
- Ah, peut-être un peu trop cuit, nan ? Et ça fait des miettes, j'aime pas ça les miettes, fais gaffe t'en as mis par terre ! Elle est où l'éponge ?
Je l'ignore.
Il m'interrompt encore :
- Hey, tu pourrais en laisser un bout pour ton chum, c'est la St-Valentin demain !
- La St... "scrounch" quoi ? Copa-Copacabanaaaaa... !

Le p'tit atelier
Prix : 2,53 $
Les + : l'originalité, les framboises entières, le petit goût de pistache
Les - : peut-être légèrement trop cuit, mais franchement là Jo il pinaille des cacahuètes
Note du grand jury : 8,62 au moins / 10 (notre meilleure note pour le moment !)
***Ajout*** Un mois plus tard, je retourne au P'tit atelier acheter un croissant pistache-framboise, et là, le boulanger me dit que Jo avait raison et qu'il a ajusté sa cuisson ! Résultat : j'ai goûté et c'est encore meilleur !!! Alors ce sera désormais un beau 9/10.

samedi 7 février 2015

Les mille-feuilles sans glaçage des Co'pains d'abord sont-ils des mille-feuilles ?



Vendredi 6 février. Oui, Jo est resté bloqué sur les mille-feuilles et il compte bien dégoter les meilleurs en ville ! La quête du Graal continue. J'espère qu'il va vite les trouver, car en attendant je suis condamnée à me bâfrer de mille-feuilles chaque semaine. Cette fois-ci, il est passé chez Les co'pains d'abord, sur la rue Rachel. Selon lui, un endroit hipster et chaleureux. Ah ouais, hipster ? J'ai toujours pas compris quels gens il fallait mettre dans cette case. Sachant que Jo porte un petit foulard élégant lors de ses randonnées pédestres, il faut peut-être que j'en déduise qu'une personne un tantinet plus décontractée est hipster ? En ces temps de chômage, je sens que j'ai un petit relâchement vestimentaire, accentué par le port de vieux chandails amples et de coiffures déstructurées. Peut-être que moi aussi je suis hipster ?

En attendant de régler mes questions existentielles et de comprendre de nouvelles définitions, je vais encore manger un mille-feuille. Julie, la maniaque de costarde, se joint de nouveau à nous pour la dégustation. Jo a envoyé deux CV, il est temps qu'il mange du sucre s'il ne veut pas tomber en hypoglycémie. On s'installe autour d'un thé chaï à la noix de coco. On ouvre la boîte. On tombe nez à nez avec des millefeuilles obèses qui ne ressemblent pas à des millefeuilles. Jo, en tant que puriste du mille-feuille, est assez contrarié par le manque de glaçage. Oui, le dessus du gâteau est simplement recouvert de sucre glace et de cacao en poudre. J'approche au ralenti une première bouchée de mille-feuille vers mes lèvres, à quelques millimètres, l'odeur du sucre, de la crème fouettée, de la pâte feuilletée, de la costarde. J'hume le délicat parfum. Silence. Délectation. Extase. Quelques grains de sucre glace remontent dans mes narines. ATCHOUM ! Quelques postillons décorent mon gâteau.  Je me concentre à nouveau. J'approche la bouchée pleine de crème. Je ferme les yeux. Je ne flaire pas la poudre de cacao. J'ouvre la bouche. La cuillère est à un nano-micro seconde de ma langue. BIIIIIIIIPPPPPP ! Ma sonnette désagréable des années 50 retentit ! Ma bouchée vole par terre ! Une crise cardiaque plus tard, j'ouvre la porte à Lara. Elle n'a pas d'expérience en boulangerie, mais en tant que Bretonne elle a les papilles exagérément développées. Je suis sympa et je lui donne la moitié de ma part aux postillons.

Un débat de grande envergure recommence à propos du glaçage.
- Nan, parce que pour moi un mille-feuille sans glaçage blanc et marron, ce n'est pas un mille-feuille.
- Clairement, ajoute Lara. Mais bon, ils sont jolis quand même.
Julie, l'esprit vif, annonce une hypothèse intéressante qui ne fera pas changer d'avis les deux grands défenseurs du glaçage du mille-feuille :
- Peut-être que Les co'pains d'abord ont pris le parti de faire un mille-feuille plus léger, plus digeste, moins sucré ?
- Nan mais dans ce cas c'est juste pas un mille-feuille quoi !
Pendant ce temps, j'entame et j'apprécie mon gâteau dépourvu de glaçage. Il faut décortiquer chaque point : la costarde, la crème fouettée, la pâte feuilletée. Chacun se concentre.
- La crème fouettée est vraiment bonne, légère, aérée, hmmm...
- Oh oui, la crème fouettée est délicieuse ! 
- Oh oui, la crème fouettée, je vais mourir...
- La costarde n'a pas de goût !
- Hmmm... si la costarde est bonne ! C'est vrai qu'il manque un p'tit quelque chose...
- Oui, pas assez relevé le goût de la crème pâtissière ! 
Julie me lance un regard glacial-quasi-sibérien-polaire-arctique et proteste avec son air aimable :
- La COS-TAR-DE. Puis vous faites chier avec vos critiques. Je suis concentrée à juger au lieu de simplement savourer ce bon mille-feuille !
- Ouais, enfin c'est pas vraiment un mille-feuille, hein... insiste Jo qui avait d'immenses attentes face à ce gâteau. En reprenant lentement un morceau, dos courbé, concentré sur son assiette, Jo affiche un visage pâle, accablé de ne pas avoir trouvé son Saint-Graal.
- La pâte feuilletée est encore un peu trop cuite, se plaint-il.
Lara enfonce le clou :
- Oui, et il en faudrait plus !
En tant que garçon du Sud de mauvaise fois, Jo conclura par :
- J'ai mangé un bon gâteau, mais je n'ai pas mangé un mille-feuille.
- Oui, c'est ça, c'était bon, mais on ne peut pas dire que ce soit un mille-feuille, renchérit Lara.





Les Co'pains d'abord
Prix : 2,75 HT
Les + : la crème fouettée et le gros format.
Les - : il manque le glaçage ? La costarde manque de goût.
Note du grand jury : 7/10 (6 pour Jo, 7,5 pour Céline, 7 pour Lara, 7 pour Julie)
***Ajout*** Suite à l'article, Les Co'pains d'abord nous ont contactés pour ajouter des petites précisions : "Nous aromatisons notre crème pâtissière avec de la vanille de Madagascar de chez Philippe de Vienne, et nous avons éliminé le glaçage pour un goût plus fin... Le mille-feuille des Co'pains n'est peut-être pas un mille-feuille traditionnel, mais c'est là tout son caractère! "

Dégustation du mille-feuille de Première Moisson : une jubilation ?

Vendredi 30 janvier. Température : -5 °C. Et des bébés flocons. Ah, -5 °C, qué calor muy caliente ! Une petite pause de froid quasi-sibérien-polaire-arctique pour au moins une journée (oui, parce que deux jours plus tard il fera -35 °C et on sera sur un lac gelé en train de pêcher...). Alors, c'est le moment de reprendre des biscottos en cette journée quasi-tropicale et de manger un gâteau plus gros que notre ventre. On a nommé : le mille-feuille. 

Hmmmm... un mille-feuille... Et pour cette dégustation, on a une invitée hyper VIP ! Julie a travaillé pendant six ans dans une croquignolette boulangerie de Repentigny. Ouais, elle ne rigole pas avec les profiteroles et les religieuses (au même moment, je tape "Repentigny" dans Bing pour voir si je pourrais vous apporter une info cruciale sur cette petite bourgade. En effet, j'ai trouvé une info plus que cruciale qui va vous donner envie de vous évader à Repen' : vous avez la possibilité d'acquérir des objets promotionnels aux couleurs de la ville dont des stylos à bille à 0,75 $ ou des épinglettes aimantée pour 3 $ seulement!). 

Revenons à nos pâtisseries... Jonathan est allé à Première Moisson (oui, encore, moi aussi je trouve que c'est répétitif avec la semaine dernière). Mais bon, il adore cette boulangerie et il se sent l'âme d'un traître de leur avoir donné une note pas franchement top. (J'ai hâte de vous faire découvrir Le p'tit atelier...). Il arrive chez moi, et il pigne. Oui, en ce moment il pigne beaucoup. Il est du Sud et même avec une chaleur quasi-tropicale de -5 °C, il a du mal à se détendre. Donc, oui, il pigne :
- Nan mais la madame elle a pas bien fermé la boîte la languette en carton elle va à l'intérieur hein pas à l'extérieur et puis ça fait plusieurs fois qu'elle fait ça nan mais franchement ça m'agace moi !
Ouais, il pigne pour la languette de la boîboîte...

  Je ne sais pas ce qui se passe, mais je crois que cette chaleur quasi-tropicale me fait perdre ma focalisation centralisée. Bon, présentation du mille-feuille : un joli glaçage classique, une couche de crème fouettée, une couche de crème pâtissière. Là, Julie s'immobilise, me jette un regard quasi-sibérien-polaire-arctique et me coupe de manière virulente :
- Ça s'appelle de la COSTARDE !
Je vous l'avais dit qu'elle ne rigolait pas avec les tartes au citron et les têtes de nègre...
Les mille-feuilles sont jolis, le biscuit a l'air trop cuit. Et ça se confirme au moment de le dévorer :
- En six ans d'expérience boulangère, jamais, non, jamais je n'ai vu de mille-feuille si tarabiscoté a découper !
Avant d'ajouter :
- Le mille-feuille a une bonne taille... crunch crunch... pas trop gros, pas trop petit... crunch crunch... costarde est bizarre... manque de goût... crunch crunch... glaçage est ben ben correct... fondant... crunch crunch... oh c'est agréable en bouche... crunch crunch... hmmm... crème fouettée vanillée légère et aérienne... crunch crunch... pâte feuilletée est trop cuite... crunch crunch... son goût est trop présent... crunch crunch... elle VOLE LA VEDETTE à la costarde et à la crème fouettée !!!
 Ses six ans d'expérience sur les choux  à la crème et les queues de castor se confirment : elle a mis les mots exacts sur ce que nos papilles voulaient exprimer !

Et sinon, le boulot? Étant donné que le mille-feuille est le gâteau préféré de Jo, il a été trèèèès productif pour avoir sa récompense. Pis bah moi, c'est pas mon gâteau préféré, alors bon... 

Prix : 3,55 $ HT
Les + : la crème fouettée, le glaçage
Les - : le goût de la crème pat... costarde n'est pas assez prononcé, pâte trop trop cuite
Note du grand jury : 7/10