vendredi 17 avril 2015

Mille-feuille vanille-caramel de la pâtisserie Rhubarbe : ça dépote, on capote et on écoute du rock

Samedi 21 mars. Printemps, tempête de neige et un invité d'honneur : Séb, l'homme qui mange les gâteaux pas comme Jo.

Ça fait plusieurs fois qu'on nous recommande de mettre les pieds à la pâtisserie Rhubarbe, sur Laurier. Même si c'est dans un coin très reculé de notre périmètre MontRoyal-SaintDenis-SaintLaurent-Rachel, Jo se sacrifie. Après un long périple, il arrive à la maison. Le sourire jusqu'aux arcades sourcilières, il a mis des habits aux couleurs printanières : sa chemise en tissu vichy noir et blanc et son petit gilet gris, car, comme dit le dicton, "en mars ne fais pas de farces et si tu ne veux pas attraper la mort, reste bien confort".

Jo est amoureux du packaging. Et selon Jo, l'habit fait pas mal le moine. Le petit logo en forme de crotte rose qui représente une rhubarbe vue de côté le met dans un état extatique. L'incredible sac en papier kraft, qu'on mettra à la poubelle dans trois minutes, mais dans la poubelle recyclage, l'exalte like never before. Et la jolie boîte, oh la jolie boîte, oh comment parler de la jolie boîte, il faut juste imaginer Jo avec des yeux de piti chat qui a du mal à respirer et qui est à deux doigts de tomber dans un grille-pain pour comprendre à quel point c'est croquignolet. Bref, ça le rend heureux, le Jo. J'ouvre la boîte. Que vois-je ? Des mille-feuilles ! Des mille-feuilles ?
- Nan, mais Jo, on ne fait pas un blogue de MILLE-FEUILLES, mais de pâtisseries DIVERSES et VARIÉES. Du latin diversus. Qui comporte des variations variées et diversement diverses, lui reproché-je sur un ton pas commode pantoute.
Sans un mot, il refait des yeux de piti chat en pleine crise d'asthme et qui est à deux doigts de tomber dans une marmite de caramel bouillant. Alors, je n'ai pas le choix pantoute d'ajouter :
- C'est sûr qu'il y a tellement de variations variées et diversement diverses du mille-feuille qu'il est capital de goûter toutes les versions existantes de l'univers de ton gâteau préféré.

Nous avons affaire à des mille-feuilles avec une pâte feuilletée caramélisée fourrés de crème fouettée à la vanille et de crème fouettée au caramel. Ça dépote, on capote et on écoute du rock.
- Visuellement, c'est 9,98/10, s'exclame Jo en examinant le mille-feuille sous toutes ses coutures.
Séb s'empare d'un gâteau et le trempe goulument dans son café. Selon Jo, c'est un événement scandaleux qui vient de se produire. Faire trempette avec un mille-feuille ? Il donne un coup de pantoufle en phentex sur le petit orteil de Séb. Ce dernier recrache sa bouchée dans son café. Une gouttelette atterrit sur un carré blanc de la chemise vichy de Jo [passage censuré].

Après un petit passage au pressing, Jo revient et engouffre une lichée de mousse au caramel dans son gosier.
- Un peu trop fort ce goût de caramel.
- Nan, c'est jamais "trop" le goût de caramel, rétorqué-je.
- Mais la ganache à la vanille est à se taper l'arrière train sur le linoleum ! s'excite Jo avec grandiloquence. Par contre, elle est cachée par le poids lourd au caramel. Et ce n'est pas un millefeuille.
- Nan mais Jo c'est pas parce que tu as reçu une goûte de coffee sur ta vichy chemise que tu dois te sentir obligé d'être un birdy de si bad bad augure, l'informé-je avec quelques mots d'anglais qui ont pour effet de détendre la vibe.
- Laisse donc ma "vichy chemise" à imprimés à pois café de côté dans cette histoire. Dans un mille-feuille, il y a plus de crème que de pâte feuilletée, dans un mille-feuille, il y a un glaçage, dans un millefeuille, il y a de la costarde.
- Nan, c'est pas un mille-feuille, c'est un mille-feuille revisited ! Je crois qu'on a déjà eu cette discussion sérieuse... Jo, l'imprimé vichy n'est plus à la mode depuis 1959 et les pâtisseries classiques revisitées sont la tendance des années 2010 ! Wake up man.
- Je ne serai pas capable de dire que c'est un bon mille-feuille, par contre c'est grandiose comme gâteau au caramel et comme packaging ! fini par ironiser Jo.
- Je suis d'accord, c'est super great comme mille-feuille revisited! La pâte feuilletée croustillante et les crèmes sont assez amazinguement fondantes.
- Je rajouterai quand même plus de ganache à la vanille, insiste le garçon aux pantoufles en phentex.
- Trempé dans le café, c'est 8,92/10 ! conclue Séb.

Pâtisserie Rhubarbe (5091, rue de Lanaudière)
Prix : 4,50 HT
Les + : le goût de la vanille, le goût du caramel !
Les - : le goût de la vanille caché par le goût intense du caramel, pâte feuilletée légèrement trop cuite, prix assez élevé.
Note du grand jury : 7/10






jeudi 19 mars 2015

Cupcakes de Sophie Sucrée : c'est-tu taré ?




















Vendredi 28 février. Jo erre. Il cherche une proie sur Le Plateau. Oui, encore Le Plateau. On tentera d'agrandir notre périmètre quand il fera des températures un peu moins quasi-sibériennes-polaires-arctiques. Malgré un odorat ultra développé, c'est plus souvent son téléphone intelligent doté d'un géolocalisateur de douces boulangères qui mène Jo à bon port. Mais, aujourd'hui, catastrophe, il n'a plus de batterie. Perdu, la neige jusqu'aux rotules. Désespéré. Il dégaine son walkie-talkie et tente de me signaler son positionnement.
- Céline !!! Perdu sur Le Plateau-Mont-Royal. No boulangerie à l'horizon. Je répète : NOTHING. RIEN. NADA. QUE TCHI. LOST. HELP !
- Jo. KEEP QUIET. KEEP QUIET. Boulangeries EVERYWHERE. Je répète : Boulangeries EVERYWHERE on Le Plateau.
- LOST. NEIGE. MOURIR. FAIM. MIAM-MIAM.
- RESPIRE. Je répète : RESPIRE PAR LE NEZ. Communiquer ton positionnement. Je répète : Communiquer ton POSITIONNEMENT.
- N 45° 31.573' W 73° 34.215
- Pâtisserie délectable en vue : Sophie Sucrée ! Des cupcakes !
- Cupcakes ? Élégants petits gâteaux avec un goût bien souvent insipide ?
- Oui ! Les trucs super photogéniques ! Direction Sud-Ouest. Gauche. 76 m. Rue Roy. 300 m. Gauche. 76 m. Droite. Numéro 167.
- Bien reçu, je vais braconner les cupcakes.
Jo arrive avec ses rangers, son treillis, son encombrant walkie-talkie et trois cupcakes trop mignons véganes-bio-locaux, dont un libéré de gluten. It is so so Le Plateââââu.

- Jo, ça veut dire quoi cupcake ?
- Un gâteau tasse. C'est un anglicisme. Nous pourrions employer le terme "petits gâteaux", mais je le trouve bien trop nébuleux. Le mot "Gâtelet" est également permis selon l'Office québécois de la langue française, mais bien trop proche de "gâteau laid", et ça ne donne aucune envie à mes papilles gustatives de s'y attarder, déclare t-il avec un air sévère en enlevant ses chaussettes en alpaga.
- Ouin, pis dans la vie, ça se pourrait pas de dire "Hmmm... quel succulent gâteau tasse !"
- Dans les années 50, on les appelait aussi les "fairy cakes" : les "gâteaux de fée", en raison de leur petite taille, m'informe t-il en sortant de son sac ses petits chaussons en phentex.
- C'est exagérément cucul la pralinoche, ça a bien assez une tronche de Disney-cuicui-les-papillons comme ça, on va pas en remettre une couche.
- Certaines ménagères les nommait les "1234 cakes" : 1 tasse de beurre, 2 tasses de sucre, 3 tasses de farine et 4 œufs, continue t-il en enfilant ses pantoufles.
- "Salut, je vais faire 1234 gâteaux !". Ouin, c'est plate pis c'est mélangeant. Bref, bouffons les cupcakes.


Jo ouvre la boîte, les cupcakes sont croquignolets : leur goût sera t-il à la hauteur de leur apparence ? Le premier est sans gluten, aux amandes avec un glaçage au beurre de pomme. Un ingrédient non identifié, mais dont le nom nous donne des airs de Jack Russel Terrier qui n'a rien graillé depuis quatre jours. Finalement, ça n'a pas vraiment goût de pomme, mais surtout de beurre... alors que c'est la pomme qui est l'ingrédient phare du beurre de pomme et non le beurre, car on parle bien de beurre de pomme et non de pomme de beurre. Par ailleurs, le petit goût de cannelle est fameux, alors que l'amande a pris la poudre d'escampette. Le gâteau est granuleux, goûteux, pas trop sucré, c'est bien satisfaisant.
Le second est aux épices et à la cassonnade avec un glaçage dulce de leche.
- Jo, quesséça dulce de leche ?
- Un hispanisme. Un mot français existe pourtant : confiture de lait. Un litre de lait et 500 g de sucre cuits pendant 1h30, fait-il genre oui-moi-madame je connais mes grammages de sucre par cœur.
- C'est clair que "glaçage à la confiture de lait" c'est vachement moins vendeur, alors que "glaçage dulce de leche", ça, c'est so glamourous-érotico-senssuelo (à dire avec un roulage de langue à la Britney Spears) !
Le gâteau est EXTRA SUPER moelleux, le glaçage aux petites épices de Noël a plus de goût que le premier, l'alliance dulce de leche-épices est fabuleux. Maravilloso ! Fabuloso !
- Hmmm... quel succulent gâteau tasse ! lâche Jo en se délectant du glaçage à la petite cuillère.
- Oh oui, n'est-il point exquis cet incroyable gâteau de fée clochette ?
Il me zieute avec un air de garçon qui emmène ses pantoufles en phentex dans son sac quand il va chez les gens, puis m'ignore.
On a encore plein de place dans notre gésier pour caler un autre cupcake. Le troisième est un gâteau au chocolat avec un glaçage au moka. Odeur fantastique. Glaçage encore plus fondant ! Le goût du café est léger. C'est au moins du chocolat à 60 % ! Mais le gâteau est malheureusement moins moelleux que les autres.
- Le vainqueur est définitivement le dulce de leche, affirme Jo à la manière de Britney.
- Si ! Dulce de leche es el major !


Sophie Sucrée
Cupcake sans gluten aux amandes, glaçage au beurre de pomme
Prix : 3,00 $ HT
Les + : gâteau moelleux et glaçage fondant
Les - : pas assez le goût de la pomme et de l'amande
Note du grand jury : 6,5/10

Cupcake aux épices et cassonade, glaçage au dulce de leche
Prix : 2,50 $ HT
Les + : gâteau EXTRA SUPER moelleux !
Les - : y'en a pas
Note du grand jury : 7,5/10 (le gros winner !)

Cupcake au chocolat, glaçage au moka
Prix : 2,50 $ HT
Les + : glaçage super fondant, super le goût moka !
Les - : gâteau moins moelleux que les autres
Note du grand jury : 7/10

jeudi 5 mars 2015

BATTLE : les biscuits du Café Réplika VS les biscuits du Café Névé


Vendredi 20 février. Rue Rachel. Gros battle entre le Café Réplika et le Café Névé. D'un côté du ring, deux biscuits du Café Réplika : caramel/beurre d'arachide et chocolat/beurre de noisettes/Nutella. Des petits nerveux qui ont l'air d'en avoir dans le fond de la culotte avec leurs cacahuètes et leurs noisettes. Et de l'autre côté du ring, l'énorme biscuit du Café Névé aux pépites de chocolat. Un gros tas de muscles prêt à mettre une branlée à ses adversaires. Trois arbitres et demi du tonnerre de Zeus pour cette première battle : Jo, Julie, un demi Séb et moi.

Le cookie caramel et beurre d'arachide du Café Réplika est le premier à rentrer sur le ring. Épais, brillant, alléchant. Les arbitres bavent. Le regard pétillant. La truffe aux aguets. Dix battements par minute. Par la fenêtre, même les passants matent nos biscuits. Les gens abandonnent leur voiture en plein milieu de la route. Ils accourent. Le nez collé à la vitre, ils sont prêts à déguster le combat.
Julie lance la première altercation :
- Ils semblent tendres et mous.
Jo entre dans la lutte :
- Moi, je suis pas vraiment un fan de cacahuètes...
Julie lui met une droite :
- Ah, moi j'suis trop une fille de cacahuète !
Cette fois-ci, le cookie entre en scène. On l'empoigne. Je me prends une sacrée beigne :
- Ouach, c'est vachement salé !
- Ah nan my god je le trouve super ! C'est costaud, c'est à peu près l'équivalent d'un repas ! Riposte Julie
Le biscuit me colle une tarte :
- WOW ! Le deuxième goût dans la bouche est sublimissime ! Ce p'tit goût de cacahuète fondante !
Julie enchaîne les coups :
- Hmmm... Dessus croustillant et dessous moelleux... J'adore !
- C'est très sablé, la texture est top ! ajoute Jo d'un air étonnamment étonné de lui-même de ne pas pester en ouvrant un bouton de sa nouvelle chemise en Tencel. Ce duel lui donne déjà quelques bouffées de chaleur.
La foule est conquise ! La foule applaudit ! Les klaxons résonnent !

Le deuxième cookie entre sur le ring : celui du Café Névé. Un format mammouth et des pépites de chocolat. Chacun se jette sur les biscuits. La foule est de plus en plus excitée.
- J'capote, oh my god, ça goûte le parfum de notre enfance, oui ça goûte le parfum de notre enfance, c'est parfaitement parfait, c'est full chocolaté, c'est tellement fabuleux, quoi de plus merveilleux qu'un biscuit ?
- Ça fond dans la bouche et dans la main ! C'est moelleux ! Jo est en plein extase d'extasion. Il desserre sa ceinture en cuir pleine fleur d'un cran pour s'apprêter à engloutir un troisième biscuit.
- C'est full hot, c'est maladif ! Hmmm... On en mangerait des centaines ! C'est dur à battre. C'est fou. La pâte est molle molle fondante, un peu sucrée, bonne consistance, c'est génial ! Pour moi, c'est 10/10, ça comble tous mes besoins de biscuits ! Regarde les cookies du Réplika comment ils sont gênés ! s'égosille Julie avec un soupçon de narquoiserie.
- Séb, il faut que tu goûtes, c'est complètement fou !!! crie Jo en enlevant ses pantoufles en peau de mouton retournée..
- Grosses pépites, gros morceaux, goût de beurre, fondant. Yummy ! Pour moi aussi, c'est un des meilleurs cookie de l'univers.
- C'est une fucking orgie papillaire ! Bon, je pense qu'on a dit tous les adjectifs. Hein ? Et toi Séb, t'en penses quoi ? insiste Julie.
- C'EST TROP SUCRÉ. J'AIME PAS. Avec un air complètement blasé.
Fou rire général. Dans ce cataclysme et cette avalanche d'adjectifs qualificatifs du bonheur, Séb est désabusé. L'hiver l'a assommé et ce n'est pas un biscuit qui le relèvera du tapis.
La foule est en délire, elle cogne sur la vitre ! Elle hurle !
Droite, gauche, double jan crochet, direct long du bras arrière, coup de poing de revers, semi-crochet, semi-uppercut, double sweeping suivi d'un balayage retourné de type spinning hook-kick ! Tout le monde est à terre.

Dégustation du troisième biscuit. Au premier coup d’œil, il est assez intimidant : chocolat, beurre de noisette et Nutella. Du gros chocolat cochon qui dégouline. La foule est en trans.
Seb, pour sa deuxième réaction, lâche un gros rot.
Julie se prend un balayage de type cuillère :
- Ça dégouline, c'est très différent du Café Névé, c'est plus fin, ça goûte moins les biscuits d'enfance.
- L'autre est meilleur, affirme Jo en reboutonnant sa chemise en Tencel.
Ils exagèrent un brin, je vois quand même un poney qui court sur un arc-en-ciel !
- La pâte est différente, plus sablonneuse, mais aussi croustillante. Oh my god, ça sent le beurre et la noisette, c'est plus fancy. Si y'avait plus de noix, ce serait grandiose, on serait morts pour en parler !
- La pâte est gachée par le Nutella, déclare Jo en remettant ses pantoufles en peau de mouton retournée.
- Ah, BAM ! réplique Séb avec un air psychopathe. Avant de lui foutre une seconde torgnole :
- Dans ta yeule le Nutella !
- C'est plus chic et en même temps plus grossier, car y'a du Nutella. Nan, mais franchement c'est trop facile de mettre du Nutella. Forcément ça fait la job ! Pouf pouf tu mets du Nutella, pis ça fait la job ! rétorque Julie avec coup de coude bien placé.

La foule est à bout de souffle. Elle s'agite. S'enflamme. Cogne de plus en plus fort et finit par briser la vitre. Des centaines de personnes entrent sur le ring et portent à bout de bras le vainqueur ! Enfin... les quelques miettes restantes du vainqueur : le biscuit du Café Névé !!!


Café Névé (151, rue Rachel Est, Montréal)
Cookie aux pépites de chocolat
Prix : 3 $
Les + : Le format, la texture, les pépites, le goût fabuleux !
Les - : rend fou
Note du grand jury : 9,5/10

Café Réplika (252, rue Rachel Est, Montréal)
Cookie caramel et beurre d'arachides
Prix : 3 $ 
Les + : le goût de cacahuète
Les - : trop salé pour certains
Note du grand jury : 8/10
Cookie chocolat, beurre de noisettes et Nutella
Prix : 3 $ 
Les + : la pâte sablée, le goût de noisette et le Nutella
Les - : le Nutella
Note du grand jury : 8,75/10

lundi 9 février 2015

Le P'tit atelier : l'extase des croissants pistache-framboise




Vendredi 13 février. Une fois de plus, toujours pareil, depuis au moins 6 mois, je sors dans un froid quasi-sibérien-polaire-arctique. Mais les - 36 °C ne m'empêcheront pas de rejoindre la boulangerie Le p'tit atelier située à vingt gigantesques pas de mammouth de mon sofa douillet. Le p'tit atelier existe depuis plus d'un an, pis les deux boulangers sont vachement sympa. Ils font toutes les viennoiseries et pâtisseries sur place avec amour. Je commande une fois de plus, toujours pareil, depuis au moins 6 mois, le croissant pistache-framboise. J'en parle depuis quelques décennies à Jo avec un rare enthousiasme enivré-passionné-enfiévré-exalté.

Je reviens à la maison, je dois prendre en photo le croissant avant la tombée de la nuit à 14h52. En tant que ridicule styliste culinaire, j'ai une seule vieille nappe à motifs hiboux pleine de trous. Ouais, parce que j'aime bien couper mes croissants directement sur ma nappe à motifs hiboux, ça fait des économies de liquide vaisselle. C'est bon pour mon empreinte écologique. Tout ça pour dire que je ne peux pas utiliser ma nappe à motifs hiboux pour chaque photo de pâtisserie. Va falloir trouver un système D. Je dégaine mon t-shirt 100% rayonne, style marin des bois de la mer et de l'été et ça fait pas mal la job ! La preuve, je me sens en totale décontraction printanière quasi-estivale dans cette photo.

Jo me rejoint, il sort d'une entrevue. Il va peut-être travailler le samedi pour gagner plus ! Il bosse déjà du lundi au jeudi, pis le vendredi faut qu'il mange des gâteaux. Jo n'est pas tellement plus chic que d'habitude, car le niveau est en tout temps assez élevé. C'est le genre à récurer les toilettes en petite chemise blanche bien repassée. On bosse, on papote de la régulation des marchés financiers, on bosse encore, on analyse les tendances du marché du travail en Mongolie, on boucle un autre dossier, on remet en question le système monétaire international, on envoie les derniers mails. Maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses. Une dégustation des plus folles nous attend !

Je raffole de cette viennoiserie et j'espère que Jo la kiffera grave sa race aussi. Je trésaille. J'ai peur. Va t-il aimer ? Il met un morceau dans sa bouche. J'attends en pensant qu'il va dire que franchement nan mais pourquoi je lui parle depuis tant de temps d'un pauvre croissant fadasse et insipide et trop cuit et trop sucré et les framboises c'est pas vraiment des framboises et depuis quand on trouve des framboises au Québec en hiver et gningningningningnin... Ah mon dieu qu'il est compliqué ce garçon...

Ah, ça y est, il essaye de dégoiser quelque chose avec la bouche pleine. Mes muscles se crispent. Mes artères se contractent. Je sers les fesses. Je tends l'oreille.
- " Scrtchfffre.... frtpui " m'informe t-il avec entrain.
Ma mâchoire se resserre. Je suis en apnée. Mes yeux sortent de leur orbite, prêts à valdinguer sur la table. Alors ???!!!
-  "SCRT-CHF-FFRE... FRT-PUI" insiste t-il en laissant quelques miettes rejoindre ma tasse de thé.
Je frissonne, je grelotte et je bous en même temps. Nan mais là tabarouette ça suffit, il va me le dire ce qu'il en pense !??
Il avale sa bouchée, s'étouffe, meurs, ressuscite, puis retrouve la parole :
- AH ! Mais c'est suuuuper BON !!! Oh c'est fou ! Oh oui oui oui !!! Hmmm... oh les framboises entières, hmmm... et la pistache, ça ressemble à une frangipane, mais à la pistache... hmmm, super bien dosé, on sent les deux, l'alliance est parfaite ! Pas trop sucré, pas trop gras, le croissant est top, bien croustillant.
- Ben ouais je te l'avais dit, c'est fou dans la boooouche !!!!
Je saute dans les airs et fais la chorégraphie de la victoire sur Copacabana en me délectant avec extase de ce croissant pistache-framboise.
Jo m'interrompt :
- Ah, peut-être un peu trop cuit, nan ? Et ça fait des miettes, j'aime pas ça les miettes, fais gaffe t'en as mis par terre ! Elle est où l'éponge ?
Je l'ignore.
Il m'interrompt encore :
- Hey, tu pourrais en laisser un bout pour ton chum, c'est la St-Valentin demain !
- La St... "scrounch" quoi ? Copa-Copacabanaaaaa... !

Le p'tit atelier
Prix : 2,53 $
Les + : l'originalité, les framboises entières, le petit goût de pistache
Les - : peut-être légèrement trop cuit, mais franchement là Jo il pinaille des cacahuètes
Note du grand jury : 8,62 au moins / 10 (notre meilleure note pour le moment !)
***Ajout*** Un mois plus tard, je retourne au P'tit atelier acheter un croissant pistache-framboise, et là, le boulanger me dit que Jo avait raison et qu'il a ajusté sa cuisson ! Résultat : j'ai goûté et c'est encore meilleur !!! Alors ce sera désormais un beau 9/10.

samedi 7 février 2015

Les mille-feuilles sans glaçage des Co'pains d'abord sont-ils des mille-feuilles ?



Vendredi 6 février. Oui, Jo est resté bloqué sur les mille-feuilles et il compte bien dégoter les meilleurs en ville ! La quête du Graal continue. J'espère qu'il va vite les trouver, car en attendant je suis condamnée à me bâfrer de mille-feuilles chaque semaine. Cette fois-ci, il est passé chez Les co'pains d'abord, sur la rue Rachel. Selon lui, un endroit hipster et chaleureux. Ah ouais, hipster ? J'ai toujours pas compris quels gens il fallait mettre dans cette case. Sachant que Jo porte un petit foulard élégant lors de ses randonnées pédestres, il faut peut-être que j'en déduise qu'une personne un tantinet plus décontractée est hipster ? En ces temps de chômage, je sens que j'ai un petit relâchement vestimentaire, accentué par le port de vieux chandails amples et de coiffures déstructurées. Peut-être que moi aussi je suis hipster ?

En attendant de régler mes questions existentielles et de comprendre de nouvelles définitions, je vais encore manger un mille-feuille. Julie, la maniaque de costarde, se joint de nouveau à nous pour la dégustation. Jo a envoyé deux CV, il est temps qu'il mange du sucre s'il ne veut pas tomber en hypoglycémie. On s'installe autour d'un thé chaï à la noix de coco. On ouvre la boîte. On tombe nez à nez avec des millefeuilles obèses qui ne ressemblent pas à des millefeuilles. Jo, en tant que puriste du mille-feuille, est assez contrarié par le manque de glaçage. Oui, le dessus du gâteau est simplement recouvert de sucre glace et de cacao en poudre. J'approche au ralenti une première bouchée de mille-feuille vers mes lèvres, à quelques millimètres, l'odeur du sucre, de la crème fouettée, de la pâte feuilletée, de la costarde. J'hume le délicat parfum. Silence. Délectation. Extase. Quelques grains de sucre glace remontent dans mes narines. ATCHOUM ! Quelques postillons décorent mon gâteau.  Je me concentre à nouveau. J'approche la bouchée pleine de crème. Je ferme les yeux. Je ne flaire pas la poudre de cacao. J'ouvre la bouche. La cuillère est à un nano-micro seconde de ma langue. BIIIIIIIIPPPPPP ! Ma sonnette désagréable des années 50 retentit ! Ma bouchée vole par terre ! Une crise cardiaque plus tard, j'ouvre la porte à Lara. Elle n'a pas d'expérience en boulangerie, mais en tant que Bretonne elle a les papilles exagérément développées. Je suis sympa et je lui donne la moitié de ma part aux postillons.

Un débat de grande envergure recommence à propos du glaçage.
- Nan, parce que pour moi un mille-feuille sans glaçage blanc et marron, ce n'est pas un mille-feuille.
- Clairement, ajoute Lara. Mais bon, ils sont jolis quand même.
Julie, l'esprit vif, annonce une hypothèse intéressante qui ne fera pas changer d'avis les deux grands défenseurs du glaçage du mille-feuille :
- Peut-être que Les co'pains d'abord ont pris le parti de faire un mille-feuille plus léger, plus digeste, moins sucré ?
- Nan mais dans ce cas c'est juste pas un mille-feuille quoi !
Pendant ce temps, j'entame et j'apprécie mon gâteau dépourvu de glaçage. Il faut décortiquer chaque point : la costarde, la crème fouettée, la pâte feuilletée. Chacun se concentre.
- La crème fouettée est vraiment bonne, légère, aérée, hmmm...
- Oh oui, la crème fouettée est délicieuse ! 
- Oh oui, la crème fouettée, je vais mourir...
- La costarde n'a pas de goût !
- Hmmm... si la costarde est bonne ! C'est vrai qu'il manque un p'tit quelque chose...
- Oui, pas assez relevé le goût de la crème pâtissière ! 
Julie me lance un regard glacial-quasi-sibérien-polaire-arctique et proteste avec son air aimable :
- La COS-TAR-DE. Puis vous faites chier avec vos critiques. Je suis concentrée à juger au lieu de simplement savourer ce bon mille-feuille !
- Ouais, enfin c'est pas vraiment un mille-feuille, hein... insiste Jo qui avait d'immenses attentes face à ce gâteau. En reprenant lentement un morceau, dos courbé, concentré sur son assiette, Jo affiche un visage pâle, accablé de ne pas avoir trouvé son Saint-Graal.
- La pâte feuilletée est encore un peu trop cuite, se plaint-il.
Lara enfonce le clou :
- Oui, et il en faudrait plus !
En tant que garçon du Sud de mauvaise fois, Jo conclura par :
- J'ai mangé un bon gâteau, mais je n'ai pas mangé un mille-feuille.
- Oui, c'est ça, c'était bon, mais on ne peut pas dire que ce soit un mille-feuille, renchérit Lara.





Les Co'pains d'abord
Prix : 2,75 HT
Les + : la crème fouettée et le gros format.
Les - : il manque le glaçage ? La costarde manque de goût.
Note du grand jury : 7/10 (6 pour Jo, 7,5 pour Céline, 7 pour Lara, 7 pour Julie)
***Ajout*** Suite à l'article, Les Co'pains d'abord nous ont contactés pour ajouter des petites précisions : "Nous aromatisons notre crème pâtissière avec de la vanille de Madagascar de chez Philippe de Vienne, et nous avons éliminé le glaçage pour un goût plus fin... Le mille-feuille des Co'pains n'est peut-être pas un mille-feuille traditionnel, mais c'est là tout son caractère! "

Dégustation du mille-feuille de Première Moisson : une jubilation ?

Vendredi 30 janvier. Température : -5 °C. Et des bébés flocons. Ah, -5 °C, qué calor muy caliente ! Une petite pause de froid quasi-sibérien-polaire-arctique pour au moins une journée (oui, parce que deux jours plus tard il fera -35 °C et on sera sur un lac gelé en train de pêcher...). Alors, c'est le moment de reprendre des biscottos en cette journée quasi-tropicale et de manger un gâteau plus gros que notre ventre. On a nommé : le mille-feuille. 

Hmmmm... un mille-feuille... Et pour cette dégustation, on a une invitée hyper VIP ! Julie a travaillé pendant six ans dans une croquignolette boulangerie de Repentigny. Ouais, elle ne rigole pas avec les profiteroles et les religieuses (au même moment, je tape "Repentigny" dans Bing pour voir si je pourrais vous apporter une info cruciale sur cette petite bourgade. En effet, j'ai trouvé une info plus que cruciale qui va vous donner envie de vous évader à Repen' : vous avez la possibilité d'acquérir des objets promotionnels aux couleurs de la ville dont des stylos à bille à 0,75 $ ou des épinglettes aimantée pour 3 $ seulement!). 

Revenons à nos pâtisseries... Jonathan est allé à Première Moisson (oui, encore, moi aussi je trouve que c'est répétitif avec la semaine dernière). Mais bon, il adore cette boulangerie et il se sent l'âme d'un traître de leur avoir donné une note pas franchement top. (J'ai hâte de vous faire découvrir Le p'tit atelier...). Il arrive chez moi, et il pigne. Oui, en ce moment il pigne beaucoup. Il est du Sud et même avec une chaleur quasi-tropicale de -5 °C, il a du mal à se détendre. Donc, oui, il pigne :
- Nan mais la madame elle a pas bien fermé la boîte la languette en carton elle va à l'intérieur hein pas à l'extérieur et puis ça fait plusieurs fois qu'elle fait ça nan mais franchement ça m'agace moi !
Ouais, il pigne pour la languette de la boîboîte...

  Je ne sais pas ce qui se passe, mais je crois que cette chaleur quasi-tropicale me fait perdre ma focalisation centralisée. Bon, présentation du mille-feuille : un joli glaçage classique, une couche de crème fouettée, une couche de crème pâtissière. Là, Julie s'immobilise, me jette un regard quasi-sibérien-polaire-arctique et me coupe de manière virulente :
- Ça s'appelle de la COSTARDE !
Je vous l'avais dit qu'elle ne rigolait pas avec les tartes au citron et les têtes de nègre...
Les mille-feuilles sont jolis, le biscuit a l'air trop cuit. Et ça se confirme au moment de le dévorer :
- En six ans d'expérience boulangère, jamais, non, jamais je n'ai vu de mille-feuille si tarabiscoté a découper !
Avant d'ajouter :
- Le mille-feuille a une bonne taille... crunch crunch... pas trop gros, pas trop petit... crunch crunch... costarde est bizarre... manque de goût... crunch crunch... glaçage est ben ben correct... fondant... crunch crunch... oh c'est agréable en bouche... crunch crunch... hmmm... crème fouettée vanillée légère et aérienne... crunch crunch... pâte feuilletée est trop cuite... crunch crunch... son goût est trop présent... crunch crunch... elle VOLE LA VEDETTE à la costarde et à la crème fouettée !!!
 Ses six ans d'expérience sur les choux  à la crème et les queues de castor se confirment : elle a mis les mots exacts sur ce que nos papilles voulaient exprimer !

Et sinon, le boulot? Étant donné que le mille-feuille est le gâteau préféré de Jo, il a été trèèèès productif pour avoir sa récompense. Pis bah moi, c'est pas mon gâteau préféré, alors bon... 

Prix : 3,55 $ HT
Les + : la crème fouettée, le glaçage
Les - : le goût de la crème pat... costarde n'est pas assez prononcé, pâte trop trop cuite
Note du grand jury : 7/10

vendredi 9 janvier 2015

En quête de phényléthylamine à Première Moisson...


Vendredi 9 janvier. Froid quasi-sibérien-polaire-arctique. Aveugles à cause des lunettes embuées. Suffocants à cause des poils de nez gelés. Boiteux à cause des orteils estropiés. Manque de magnésium. Manque d'antioxydants. Manque de tryptophane. Manque de théophylline. Manque de théobromine. Manque de flavonoïdes. Manque de phényléthylamine. 

Notre seule solution pour réussir à travailler : s'injecter une petite dose de chocolat. Hmmm... oui, une petite dose de chocolat pour retrouver l'inspiration pour nos lettres de motivation. Direction Première Moisson ! 
- Bonjour Madame, il serait capital de nous servir deux éclairs au chocolat faites avec amour s'il vous plaît.  
On tend nos 3,33 $ par éclair et on s'enfuit dans le froid quasi-sibérien-polaire-arctique. Aveugles, suffocants, estropiés, on peine à insérer la clef dans la serrure avec nos moufles. Jo en enlève une pendant 2,7 secondes. Bien assez pour perdre deux doigts. Une petite hypothermie plus tard, on arrive enfin au chaud. Concentration intensive au moment de la dégustation. Elles sont petites ces éclairs. On espère qu'elles contiennent suffisamment de magnésium, d'antioxydants, de tryptophane, de théophylline, de théobromine, de flavonoïdes et de phényléthylamine, hein ? 
Malheureusement, la pâte est légèrement trop cuite, pas assez moelleuse. La crème pâtissière au chocolat manque d'onctuosité, mais le bon goût du chocolat est là ! Et le glaçage dans tout ça ? Eh bien ça manque de cacao. 
Ce serait juste primordial d'ingurgiter une seconde dose pour notre survie professionnelle. On reste sur notre faim. 

Les + : crème très chocolatée
Les - : trop petit, pâte pas assez goûtue.
Note du grand jury : 6,25/10